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Cet incident n’eut pas d’autre suite : le repas continua dans le calme et le silence habituels. Nicolas trouva cependant l’occasion d’être seul un instant avec sa mère.

— Soyez tranquille, lui dit-il, j’ai trouvé.

— Eh ! quoi donc ? fit l’excellente femme.

— Ce que nous cherchions tous deux : le moyen de tout concilier ; allez, vous serez contente de votre petit Nicolas. Sous peu de temps, je serai reçu avocat, et d’ici là je travaillerai bien, je me porterai encore mieux, et le père n’aura rien à dire.

Mme Dalayrac ne comprit pas trop ce que son fils voulait lui dire ; mais elle le vit content, et c’en fut assez pour son bonheur et sa tranquillité.

Cependant, cette première tentative avait été trop heureuse pour que le jeune Dalayrac ne voulût pas en faire une seconde. Mais il fallait de la prudence, le chien pouvait donner l’éveil, s’il recommençait toutes les nuits son vacarme. Le jeune homme se promit de s’abstenir pendant quelques nuits de toute excursion. Le souvenir du plaisir qu’il avait goûté lui suffit effectivement pendant quelques jours, mais ses désirs de reprendre sa promenade et son concert nocturne redevinrent plus vifs que jamais.

Un jour qu’il était sorti un instant pour prendre l’air et marchait absorbé dans ses réflexions, il rencontra un camarade qu’il avait perdu de vue depuis sa sortie du collège.

— Eh ! par quel hasard, lui dit-il, te trouves-tu à Muret, toi dont la famille habite Toulouse ?