Les paroles dures du père, l’attitude sévère et glaciale des autres membres de la famille avaient blessé les idées d’indépendance du pauvre jeune homme ; un instant, son cœur fut près de se révolter contre cette exigence qui ne tenait aucun compte de ses goûts et de ses sentiments ; il allait prendre la parole pour annoncer sa résolution de braver l’autorité de toute sa famille, lorsqu’au milieu de ces figures glaciales et impassibles, il aperçut sa mère, sa pauvre mère, qui pleurait, non de la faute de son fils, mais de la réprimande qu’elle lui avait attirée et du chagrin qu’il ressentait. Dalayrac alla se jeter dans ses bras en sanglotant ; elle le pressa tendrement sur son cœur lui donna un bon baiser de mère, en lui disant : Moi, je t’aime toujours, mon pauvre Nicolas. Alors il se tourna tristement vers son père et lui dit d’un air résigné : Je vous promets de bien travailler et de ne plus faire de musique.
À dater de ce jour, Dalayrac prit la résolution de ne plus s’occuper que des travaux qu’il avait négligés jusque là. Soir et matin, courbé sur ses livres, se remplissant la tête de mille textes fastidieux, prenant des notes pour aider sa mémoire, suivant assidûment les cours auxquels il s’était à peine montré jusque là, il tint rigoureusement sa promesse. Au bout de quelques mois, il avait regagné tout le temps précédemment perdu ; mais son bonheur, ses illusions, les rêves de son imagination, il ne les retrouvait plus. Il était rentré en grâce auprès de son père : sa mère était toujours bonne et affectueuse pour lui, et cependant il se