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rang assez élevé dans la magistrature ; il était subdélégué de sa province. Nicolas, l’aîné de cinq enfants, fut naturellement destiné à embrasser la profession paternelle ; envoyé très-jeune au collège de Toulouse, ses progrès y furent si rapides, qu’il n’avait guère plus de treize ans lorsqu’il termina ses études. Il y avait obtenu les plus brillants succès et c’est chargé de prix et de couronnes que le jeune Dalayrac fit son entrée triomphale dans la maison de son père. On voulut qu’il fit succéder immédiatement l’étude des lois et du Digeste à celle du grec et du latin. Le jeune collégien était habitué à obéir, et il ne fit aucune difficulté de céder au désir qu’on lui manifestait. Il imposa cependant une condition comme récompense, non de sa soumission qui n’était qu’un devoir, mais de ses travaux passés et des succès qui en avaient été la conséquence.

Toulouse est une des villes où l’on est le mieux organisé pour la musique. Les voix y sont généralement belles, et, de temps immémorial, le peuple a l’habitude d’y chanter en chœur. Le jeune Dalayrac avait eu occasion, pendant son séjour au collège, d’entendre quelques-unes de ces exécutions chorales dont on n’avait aucune idée à Muret. Le principal du collège était amateur de musique ; on en faisait quelquefois chez lui ; le jeune Nicolas, comme un des élèves les plus distingués, avait été souvent convié à ces petites réunions ; puis, aux grandes fêtes, les élèves du collège allaient entendre l’office à la cathédrale, et les messes en musique qu’on y chantait avaient ravi, transporté le jeune écolier. Il avait senti s’éveiller en lui un goût