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Rousseau fait grand bruit de la partialité et de l’exaspération de Rameau, qui s’écria, en entendant cette exécution, qu’il était impossible que toutes les parties de cet ouvrage fussent de la même main, vu qu’il y en avait d’admirables et d’autres où régnait l’ignorance la plus complète. Ce jugement devait être parfaitement juste et s’explique on ne peut mieux par la comparaison des parties revues par Philidor et de celles abandonnées à toute l’inexpérience de l’auteur.

Cependant, et malgré la sentence de Rameau, quelques parties de l’œuvre de Rousseau avaient été assez appréciées pour que le duc de Richelieu tentât de mettre le talent de l’auteur à l’essai. On le chargea de raccorder les morceaux et même d’en intercaler de nouveaux dans une pièce de circonstance, de Voltaire et Rameau, intitulée : les Fêtes de Ramire, les deux auteurs étant alors très occupés à terminer leur opéra du Temple de la Gloire, dont la première représentation était fixée pour un anniversaire.

Cette tâche était au-dessus des forces de Rousseau : pour un travail d’arrangement, on peut se passer d’invention, mais nullement de savoir ; aussi y échoua-t-il complètement, et Rameau fut obligé de parfaire lui-même son propre ouvrage. Rousseau avait passé un mois à cet ingrat travail ; il est très-probable que Rameau n’y mit pas plus d’un jour ou deux. Suivant sa coutume, Rousseau ne manqua pas d’accuser ses prétendus ennemis de l’échec dû à son incapacité. Suivant lui, il fut causé par la jalousie de Rameau et la haine de Mme de la Popelinière. La jalousie de