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II


Rousseau ne se laissa pas abattre par cette déconvenue musicale : mais c’est dans un autre genre qu’il voulut prendre sa revanche. Il essaya de faire un opéra-ballet, dont il composa les paroles et la musique ; le titre était les Muses galantes : suivant l’usage de l’époque et du genre, chaque acte offrait une action séparée, ne se rattachant au titre principal que par une inspiration commune. Le premier acte était le Tasse, le second Ovide et le troisième Anacréon. Mais, avant que l’œuvre fût achevée, l’auteur accepta la place de secrétaire particulier de l’ambassadeur de Venise, aux appointements de 1,000 fr. par an. On ne pouvait taxer de prodigalité le représentant du roi de France et de Navarre.

Le séjour de Rousseau en Italie ne fut signalé par aucun incident musical : mais il lui donna ce goût presque exclusif pour la musique italienne, qui plus tard devait lui faire tant d’ennemis en France. Ce que Rousseau admire surtout, c’est la musique exécutée dans les couvents de femmes, par des voix invisibles, s’échappant à travers l’épais rideau qui sépare les