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lution dans l’art, L’Académie écoute son mémoire et nomme, pour examiner son système, trois membres, dont pas un n’est musicien : ce sont Mairan, Hellot et Fourchy.

Le jugement de l’Académie sur cette affaire rappelle parfaitement ce fameux procès où Panurge rend une sentence aussi incompréhensible que les deux plaidoiries prononcées en faveur des deux plaignants auxquels Rabelais a donné des noms qu’il m’est impossible de citer.

Cependant il ressort de l’opinion de l’Académie que le système de Rousseau n’était qu’un perfectionnement de la méthode du P. Souhayti. Ici, il y avait de la part de Rousseau bonne foi complète, c’était une rencontre, mais non un plagiat. L’utilité de l’innovation était également contestée par l’Académie, mais sans donner aucune raison de son improbation. Il manquait un juge compétent : ce juge fut trouvé dès que le système fut soumis à Rameau. Vous ne pouvez parler qu’au raisonnement, dit-il à Jean-Jacques, avec vos chiffres juxtaposés ; nous, avec nos notes superposées, nous parlons à l’œil, qui devine, sans les lire, tous les intervalles, et c’est ce qui est indispensable dans la rapidité de l’exécution.

L’argument était sans réplique : il l’est encore au bout d’un siècle, que des essais du même genre veulent se renouveler. Les commençants auront l’air d’aller fort vite avec cette méthode ; les premières lectures qu’on leur fera faire se composant de combinaisons fort simples, l’esprit suffira pour les résoudre. Il