qu’il eût fait de bien grands progrès en musique ; car il avoue qu’auprès de ces amateurs il n’était encore qu’un barbouillon.
Ce fut à cette époque qu’il obtint une place dans le cadastre, mais il ne tarda pas à la quitter pour se livrer entièrement à son goût pour la musique : il trouva quelques écolières à Chambéry. Mais une résolution subite le fit se diriger vers Besançon. Son ami Venture lui avait dit être élève d’un abbé Blanchard, fort habile maître de chapelle de la cathédrale de Besançon. Rousseau veut aller lui demander des leçons de composition : il comptait se présenter avec une lettre d’introduction de l’ami Venture ; celui-ci avait quitté Annecy, et, à défaut de sa recommandation, Rousseau se munit d’une messe à quatre voix que Venture lui avait laissée. À peine arrivé à Besançon, et avant même d’avoir pu voir l’abbé Blanchard, il apprend que sa malle a été saisie à la douane, et il est obligé de revenir à Chambéry. Il y passe deux ou trois ans à s’occuper tour à tour d’histoire, de littérature, de physique, d’astronomie, d’échecs et de musique. Il se figure un jour qu’il a un polype au cœur et qu’on ne pourra le guérir qu’à Montpellier : il part, toujours aux frais de Mme de Warens. La Faculté lui rit au nez et il quitte cette ville au bout de deux mois, après y avoir commencé un cours d’anatomie.
Il revient aux Charmettes, qu’il quitte bientôt pour entrer comme instituteur chez Mme de Mably. Il n’enseigne rien à ses enfants, mais il lui vole son vin. Quoique ce larcin fût pardonné aussitôt que décou-