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et anobli, lorsqu’il mourut, le 12 septembre 1764.

Il est peu de personnes de notre génération qui se rappellent avoir entendu exécuter la musique de Rameau. Le malheur des compositeurs est que la musique est un art qui n’a pas de bases solides, comme la peinture, par exemple, dont le but est l’imitation de la nature : l’unique but de la musique est de charmer l’oreille et d’émouvoir le cœur, mais elle repose entièrement sur la mode, et il n’est pas de beautés éternelles en musique. À l’inimitable Lully, dont nous ne connaissons plus que le nom, succéda l’inimitable Rameau, dont nous n’avons jamais entendu une note ; car les musiciens sont tous déclarés inimitables par leurs contemporains, jusqu’à ce qu’ils soient détrônés par un rival dont le règne doit aussi céder à un successeur plus ou moins éloigné. Mais les curieux de musique qui vont consulter les vieilles partitions aujourd’hui ignorées, trouvent dans celles de Rameau des idées d’une nouveauté et d’une fraîcheur étonnantes pour le temps où elles ont été émises ; il n’y a donc que la curiosité qu’excite tout ce qui se rattache à ce grand homme, qui puisse faire excuser la complaisance avec laquelle nous nous sommes étendus sur quelques détails de sa vie.