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votre mère qui paraît bien respectable, ajouta-t-il, en regardant Mlle de Lombard.

— Du tout, se hâta d’interrompre Rameau, Mademoiselle est une de nos voisines et amies.

— Pardon, pardon, Mademoiselle, dit le gros fermier général, voulant réparer sa faute et diminuer l’air refrogné de la demoiselle ; pardon de vous avoir prise pour la mère de Rameau ; c’est l’âge, voyez-vous, qui me faisait supposer… Ah çà, et ce monsieur là, qui est-ce ?

M. Dumont, marguillier.

— Oh ! très-bien ; et cet autre petit, dans le coin ?

— C’est mon maître, le célèbre Marchand.

— Diantre ! M. Marchand ; touchez donc là, je vous en prie ; enchanté de vous connaître. Ah çà, j’espère que nous nous reverrons, et que vous me ferez l’honneur de venir à mes concerts du vendredi.

M. Marchand s’inclina. Le fermier général apercevant alors M. Bazin qui, depuis son entrée, n’avait pas encore interrompu ses révérences :

— Eh ! mon Dieu, dit-il, quel est celui-là ? C’est donc le mouvement perpétuel en personne ?

— Nullement, dit Rameau, c’est M. Bazin, marchand cirier et mon propriétaire.

— Allons, c’est bien, dit en sortant le gros petit homme ; Rameau, de demain en huit je vous attends ; vous m’amènerez Pellegrin ; M. Marchand, je compte aussi sur vous ; Mesdames, je vous salue.

Après son départ, Louise courut se jeter dans les bras de son mari :