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que c’est chez moi que se fera la première audition. Vous savez que mon orchestre est à vos ordres. Quant à la copie, cela me regarde aussi ; et dès que vous aurez quelque chose de fait, vous n’avez qu’à l’envoyer à mon hôtel.

— Mais, Monsieur, dit Rameau, tout est fait ; voilà bientôt trois mois que j’y travaille.

— Comment, tout est fait ? Et qui donc a pu vous donner des paroles ?

M. l’abbé Pellegrin, moyennant 600 livres qu’il a exigé que je lui avançasse comme garantie.

— Comment ! ce gueux de Pellegrin vous a demandé 600 livres ? Mais je le ferai bâtonner par mes gens.

— Mais c’était tout naturel, il ne sait pas si je suis capable.

— C’est vrai, au fait, ce que vous me dites là. Eh bien ! je lui sais beaucoup de gré de vous avoir donné sa poésie pour 600 livres. Quand vous le verrez, invitez-le à venir dîner chez moi. Comment cela s’appellera-t-il ?

Hippolyte et Aricie.

— Beau sujet, superbe sujet. Eh bien ! quand voulez-vous faire votre audition, votre répétition ?… je ne sais comment vous appelez cela.

— Mais je pense que dans huit jours on pourrait essayer le premier acte.

— Dans huit jours, donc. Adieu, je suis enchanté d’avoir fait connaissance avec votre famille, votre petite femme qui est, parbleu, charmante, et madame