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tion ; j’entrai dans sa classe à la formation et ce furent de grands cris au Conservatoire, à l’époque de la création de cette classe, car les œuvres de Boïeldieu y étaient en fort mince estime.

On aura peine à croire qu’à cette époque où je partageais entièrement les préjugés de mes condisciples, je méprisais souverainement la musique mélodique ; je n’estimais absolument que les combinaisons les plus arides et les plus recherchées. Boïeldieu employa quatre années à me réformer et je dois dire avec reconnaissance que je lui dois d’avoir entièrement modifié ma manière d’envisager la musique.

J’ai parlé de mon goût pour l’orgue. Depuis quelques années je remplaçais divers organistes dans leurs paroisses : j’ai successivement joué l’orgue à Saint-Étienne du Mont, Saint-Nicolas du Chardonnet, Saint-Louis d’Antin, Saint-Sulpice et aux Invalides, comme commis de Baron père et de Séjan fils. — Mon goût pour le théâtre n’était pas moins vif que pour la musique d’Église. Je m’étais lié avec le garçon d’orchestre de l’Opéra-Comique, et ce m’était une grande joie quand il pouvait me procurer une entrée à l’orchestre des musiciens. Mon goût était si faux à cette époque, que je ne comprenais nullement le mérite des ouvrages de Grétry et que toute mon admiration était réservée aux sombres opéras de Méhul : il est