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— Mais je ne m’appele pas Longino, je me nomme Chollet.

— Alors, bravo ! Chollet ! reprennent les mêmes voix, bravo, cent fois ! à demain, oh ! vous aurez un fameux succès ! et la répétition s’achève au bruit des applaudissements de la foule qui grossit à chaque instant. Chacun parle de la belle voix du Martin, il n’est question que de lui dans le Havre. Le lendemain, la salle est comble, et à son entrée, Chollet est reçu par une triple salve d’applaudissements, comme un acteur en représentation. Son succès fut immense, il fut redemandé après la pièce aux cris de : plus de débuts ! plus de débuts ! Le directeur l’engagea sur-le-champ pour l’année suivante avec le double d’appointements, et pendant deux ans, le Havre posséda le meilleur ténor d’opéra-comique que nous ayons en France.

Ne croyez pas que j’entreprenne de vous retracer la carrière dramatique de cet artiste qui a signalé partout son passage par les plus grands succès. Si, parmi mes lecteurs, il se trouve quelqu’incrédule qui ne conçoive pas l’enthousiasme des habitants du Havre, qu’il aille à l’Opéra-Comique, un jour où l’on jouera Zampa, l’Éclair ou le Postillon, et je suis sûr qu’il sortira du spectacle en répétant : bravo ! Longino ! bravissimo ! Chollet !