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mencent à reprendre de la confiance, l’émulation s’en mêle, on fait la plus grande attention, et l’ouverture s’achève sans encombre.

Le chef d’orchestre reprend son violon pour conduire le chœur d’introduction, et le directeur se frotte les mains.

— Allons ! se dit-il, je n’ai peut-être pas fait une si mauvaise acquisition que je croyais. S’il tombe comme Martin, il me fera un excellent second chef d’orchestre.

La répétition continue, mais il fait une chaleur étouffante, et l’on a ouvert les fenêtres qui donnent sur la rue. Quelques flâneurs ont été attirés par les sons de la musique ; les curieux en amènent d’autres, et, sans s’en douter, les acteurs ont dans la rue un nombreux auditoire.

Cependant notre jeune homme s’est enhardi par le petit succès qu’il vient d’obtenir : son dernier rêve lui trotte dans la tête.

— Allons ! dit-il, je tomberai peut-être demain, aujourd’hui je me sens en voix, je veux chanter en conscience, comme à la représentation.

— En effet, à l’entrée du comte Rodolphe, il entonne d’une voix assurée le bel air : Anneau charmant, si redoutable aux belles. Sa voix large et bien timbrée se déploie avec charme sur cette belle mélodie. Les acteurs qui ne l’avaient jamais entendu jouir de la plénitude de ses moyens, redescendent tous sur le bord du théâtre pour le mieux entendre ; le directeur ne sait s’il dort ou s’il est éveillé : les musiciens voyant