ne peux-tu ouvrir à ceux qui t’apportent de bonnes nouvelles ?
— Je ne connais pas d’autres bonnes nouvelles, répondit le musicien, que d’avoir retrouvé mon ami Petit-Pierre.
— Qu’est-ce que c’est que Petit-Pierre ?
— C’est, continua Lully, un grand seigneur italien qui fait à merveille le macaroni, et qui va m’enseigner la cuisine.
— À condition que tu me montreras la musique, interrompit Petit-Pierre.
— C’est juste, repartit Lully, je te ferai compositeur, et tu me rendras cuisinier.
Les nouveaux arrivés s’aperçurent facilement de l’état d’ivresse de leur hôte ; un d’eux, pensant le dégriser, lui dit à l’oreille :
— Nous venons de la part du roi !
— Est-ce que j’en veux, du roi ? reprit Lully, il ne se connaît seulement pas en musique ! ce n’est pas comme mon ami Petit-Pierre, ce n’est pas lui qui se ferait jouer un opéra de Lalande.
— Vous vous trompez, M. de Lully, lui dit un des seigneurs, en s’avançant, le roi se connaît parfaitement en musique ; car il nous envoie vers vous pour vous faire compliment de votre Armide. Il a appris son peu de succès, mais il vient de savoir aussi que vous vous étiez fait jouer cet ouvrage pour vous seul, et que vous l’aviez applaudi avec transport : comme Sa Majesté pense que vous vous y connaissez mieux que personne, elle s’en est rapportée à votre jugement, et