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— Ah ! quelle admirable musique, s’écriait Petit-Pierre !

— Quel délicieux macaroni ! répondait Lully.

— Que c’était beau ! reprenait Petit-Pierre.

— Que c’était bon ! continuait Lully.

M. de Lully, vous êtes un bien grand musicien.

M. de Petit-Pierre, vous êtes un bien habile cuisinier.

— Nous sommes deux bien grands hommes.

— Oui, certes, et bien faits pour s’apprécier mutuellement.

— Et pour boire à la santé l’un de l’autre.

Et l’on rebuvait de plus belle : cet agréable passetemps occupait tellement les deux amis, qu’ils n’entendaient pas que depuis cinq minutes on heurtait violemment à la porte. Cependant Petit-Pierre crut entendre quelque chose, et dit à Lully :

— Je crois qu’on frappe. Faut-il ouvrir ?

— Qu’est-ce que ça me fait, lui répondit Lully, que tu ouvres ou que tu n’ouvres pas ? on finira par entrer, on enfoncera la porte.

— Eh bien ! n’ouvrons pas, ce n’est pas la peine de nous déranger.

Ainsi que le prévoyaient les deux ivrognes la porte ne tarda pas à céder aux efforts de ceux qui la poussaient du dehors, et un groupe de jeunes seigneurs se précipita dans l’appartement à travers les bouteilles, les plats et les casseroles.

— Qu’est-ce que tout cela ? dit l’un d’eux à Lully,