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de sa vie. Il fut le premier qui employa les clarinettes à l’orchestre, dans son opéra d’Acanthe et Céphise, représenté en 1751 pour la naissance du duc de Bourgogne.

En 1752, une grande innovation eut lieu à l’Opéra ; des comédiens italiens vinrent donner des représentations à l’Académie royale de musique ; ils débutèrent le jeudi 1er  août 1752, par la Serva Padrona. Le grand succès qu’ils obtinrent leur suggéra de nombreux antagonistes ; c’est alors que prit naissance la guerre des Bouffonistes et des Lullistes ; ces derniers eurent l’avantage en 1754, et les Italiens retournèrent dans leur pays. Leur séjour en France ne fut pourtant pas sans influence sur la musique française, qui prit dès lors une allure plus franche et plus enjouée. Malgré son immense succès, le Devin de Village ne fit point naître d’ouvrages du même genre à l’Opéra, mais l’Opéra-Comique prit naissance par les traductions et même par les ouvrages nouveaux qu’on commença à jouer à la Comédie-Italienne. Pendant vingt ans le grand Opéra fut dans un état de décadence qui le mit à deux doigts de sa perte, et l’on croyait bien qu’il ne pourrait jamais se relever de sa victoire sur les Bouffons italiens, lorsqu’enfin Gluck parut en 1774.

L’Iphigénie en Aulide fut suivie de près d’Orphée et Alceste. Piccini, précédé de la plus brillante réputation, vint faire jouer à Paris son Roland. Le succès de cet opéra suscita une nouvelle guerre musicale, dont profitèrent les amateurs raisonnables qui savaient applaudir ce qui était réellement beau, quelle que fût la nation de