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quefois pendant une demi heure entière elle suivait un prélude, avec des chants et des accords excessivement variés et d’un goût qui charmait les auditeurs. Elle a excellé dans la musique vocale, de même que dans l’instrumentale, comme elle l’a fait connaître dans tous les genres de musique de sa composition, savoir : l’opéra de Céphale et Procris, tragédie représentée en 1694, trois livres de cantates, un recueil de pièces de clavecin, un recueil de sonates, un Te Deum à grand chœur, qu’elle fit exécuter dans la chapelle du Louvre pour la convalescence du roi, etc.

Destouches, qui florissait à la même époque, obtint aussi de grands succès. Mais le compositeur le plus apprécié de son temps, dans cette période qui sépara Lully de Rameau, fut sans contredit Mouret, que l’on avait surnommé le musicien des Grâces. Tous ses ouvrages ont une teinte de légèreté et de gaîté qui plurent extrêmement aux dilettanti du temps ; il avait une très-grande facilité à composer, et, quoiqu’il soit mort assez jeune, peu de musiciens ont donné autant d’ouvrages que lui et dans tous les genres. Il composa six opéras, plusieurs recueils de musique instrumentale, un grand nombre de divertissements pour les comédies françaises et italiennes, et plusieurs morceaux de musique religieuse. Le joli air De l’amour suivons toutes les lois, le charmant duo De l’amour suivons les traces, sont de Mouret.

C’est au mois de décembre 1715 que l’Opéra eut le privilège de donner des bals masqués publics. Ce genre de spectacle a toujours duré jusqu’à présent. Le prix