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que, sous la Restauration, il refusa souvent l’autorisation de faire de la musique dans différentes églises de son diocèse, le tout ad majorem Dei gloriam. Mais, comme je ne suis pas parfaitement convaincu qu’on ne puisse pas maintenant se passer de sa permission pour cela, je persiste dans mon projet. Que si les gens du monde me demandent à quoi bon ? je leur répondrai qu’il faudrait le faire, ne fût-ce que pour encourager l’art le moins encouragé de tous, et ouvrir une nouvelle carrière aux compositeurs qui pourraient se former là ; que si les dévots m’objectent que la musique est trop mondaine, je leur dirai que je n’ai jamais vu ce qu’il y avait d’édifiant à entendre chanter une triste psalmodie par des braillards à cent écus par an, et qu’il me semble qu’un accompagnement de violons est tout aussi moral qu’un accompagnement de serpent. Que voulez-vous ? je ne peux pas souffrir le serpent, moi, ce n’est pas ma faute. Je trouve qu’il est honteux, quand le plus petit prince d’Allemagne a une chapelle, quand la moindre église de Belgique a une musique passable, qu’à Paris, au centre des arts, on ne puisse entrer dans une église sans être poursuivi par un et quelquefois deux serpents.