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se donner plus d’aisance, trouver mille douceurs, et mieux que cela, mille fois mieux, peut-être un mari !

Vous détaillerai-je encore toutes les classes de musiciens qui viennent après celles-là ? cela serait trop long et les subdivisions trop grandes. Rangeons-nous sur la même ligne comme musiciens d’orchestre le pensionnaire de M. Véron, qui sert d’interprète aux inspirations d’Auber ou de Rossini, et le pauvre diable qui souffle dans une clarinette à quelques pieds au-dessous de la figure enfarinée de Deburau ou de la corde roide de Mme Saqui ? Parmi les musiciens de bal, quel immense degré n’y a-t-il pas des exécutants dirigés par M. Tolbecque ou Musard, aux racleurs qui écorchent les oreilles des intrépides danseurs de nos guinguettes de barrière ! Vous peindrai-je l’individualité attachée à chaque instrumentiste, l’air pimpant et coquet d’un violon de l’Opéra, à côté de la tournure semi-ecclésiastique d’un organiste de paroisse, classe d’artistes bien dégénérée depuis la première révolution ? Où est le temps où les Séjan, les Charpentier, etc., charmaient la foule accourue dans les églises pour jouir de leurs sublimes accords ? Les instruments existent toujours, mais la vie qui les animait, le génie qui faisait parler ces puissants orchestres, on ne les retrouvera plus. La Restauration, qui aurait voulu nous rendre dévots, n’a pas su employer les moyens convenables pour cela. C’est par l’introduction de la musique dans les églises qu’on aurait pu y attirer notre génération, généralement plus curieuse d’objets d’art que de dévotion ; mais le bon