Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/96

Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Je lirai ton livre cette nuit, me dit-il, et, demain, à déjeuner, tu auras mon opinion réfléchie. »

À trois heures du matin, mon père entra dans ma chambre et me réveilla par ces mots :

« Il est bon, il est bon ! mais tu me le dois ; c’est moi, moi seul, qui ai mis en germe dans ta cervelle ces Idées anti-Proudhoniennes. Ma fille chérie, c’est le succès, c’est la délivrance, ce sont les amitiés puissantes et dirigeantes. C’est le vœu de ta grand-mère réalisé ! Que n’est-elle là en ce moment ! »

Mon père s’assit à côté de mon lit, et la nuit s’acheva en des conversations sans fin.

« Mais qui sait, papa, si les autres penseront de ce petit livre ce que tu en penses ?

— Oui, oui, comment veux-tu ? Une main si féminine, avec cette solidité d’argumentation, cela intéressera et te donnera pour le moins quelque grande marraine, George Sand, Daniel Stern. Après tu travailleras, tu te formeras ; ceci est bien le pied à l’étrier, je t’en réponds. »

Que de projets d’avenir, quels espoirs ! À déjeuner, ma mère elle-même était joyeuse, tout en disant :

« La vie de travail et de tourments que tu auras me fait peur. »

Le surlendemain, mon père rentra, agitant, comme l’avait fait quelque dix mois plus tôt Pauline Barbereux, un journal : Le Siècle. Il me lut l’entrefilet suivant :