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« Voyez, Zozo approuve, continua-t-elle. C’est là certainement l’œuvre annoncée par Edmond qui vous fera connaître du jour au lendemain. Vous vous enfermez dès ce soir, et l’on ne vous revoit que quand votre réponse à Proudhon est faite. »

Je rentrai chez moi fort émue et très résolue en même temps. Mes scrupules à propos de la saisie du livre de Proudhon ne durèrent pas, la Justice dans la Révolution n’ayant pas été saisie et Proudhon condamné pour ce à quoi j’allais répondre.

Deux mois durant j’écrivis, je recopiai, je remaniai, je refis mon petit livre la nuit, en secret, m’enfermant dans ma chambre où j’étais seule avec ma fille, mon mari plus occupé de l’une de nos servantes que de moi.

M. Renouvier s’intéressait comme M. Fauvety à mon volume, et tous deux m’en demandaient constamment des nouvelles. Mme  d’Héricourt m’aborda un jour par ces mots :

« Eh bien ! cette défense de vos grandes aînées marche-t-elle ? Si vous en venez à bout, Dieu veuille que ces « grandes dames » vous soient reconnaissantes en raison du mal que vous paraissez vous donner.

— Madame, oui, sans doute, je prends beaucoup de peine, répondis-je. Songez que je ne suis qu’une recrue et que je n’ai pas l’expérience, à mon âge, des vétérans.

— Vétéran ! vétéran ! Moi sans doute, répli-