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toutes les compromissions et d’une légèreté de conscience qui le révolte.

Toutes les vieilles histoires de Listz et de la comtesse d’Agoult, de George Sand, les indiscrétions « d’Horace », de « Nélida », revécurent à propos du mariage de Blandine Listz et d’Émile Ollivier, comme avaient ressuscité, au moment de la mort de Musset, les aventures de George Sand et le voyage de Venise.

Mme d’Héricourt, malveillante, cancanière, ne nous en épargna aucune ce soir-là. Elle les ajoutait à son roman, les agrémentait, les amplifiait, les savait de source plus certaine que personne. Vertu farouche, ayant dû subir peu de tentations, la forte Jenny s’indignait rétrospectivement.

« Les femmes exceptionnelles devraient être sages, disait Mme d’Héricourt, ou cacher jalousement leurs faiblesses, tandis qu’elles les étalent et forcent d’autres femmes exceptionnelles à les défendre contre leur propre conviction, pour l’honneur du sexe, ou à les condamner, pour la plus grande joie de la gent masculine. »

« Je trouve admirable le peu qu’a écrit George Sand à propos de Musset, et j’espère que, bientôt, elle nous contera l’aventure entière, disait Mme Fauvety. Accusée comme elle l’a été, comme elle l’est, elle a le droit de plaider sa cause. Dans son roman de Venise, je ne peux voir, moi, que l’extrême bonté d’une âme généreuse qui se passionne pour sauver une autre âme en perdition par le vice. Nous savons tous,