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Sophie Arnould par les Goncourt, mon ennemie, qui ne désarmait pas, Mme d’Héricourt, m’apostropha en ces termes :

« Je parie que vous y croyez, vous, aux Mémoires de Sophie Arnould. Eh bien, moi, je vous déclare, naïve enfant, qu’ils sont bel et bien apocryphes. »

Elle avait une histoire extraordinaire à raconter sur ce sujet, dont on souriait, sachant la haine particulière qu’elle vouait à Jules de Goncourt pour un mot cruel dit par lui à propos d’une demi-moustache, assez épaisse, qui ombrageait ses lèvres :

« Elle a dans le style la toute-puissance de la barbe, » répondit Jules de Goncourt à un ami qui lui parlait avec admiration d’un article de Mme Jenny d’Héricourt, article vraiment remarquable, sur les antinomies. »

Les Odes funambulesques de Théodore de Banville m’avaient ravie par leur gaieté. Mme Fauvety, qui me donnait des leçons de diction, m’en fit lire un soir aux « Philosophes » pour voir s’ils savaient rire, me dit-elle, et j’eus un vrai succès. Les « Philosophes » savaient rire. Quelle découverte ! « Voilà une antinomie ! » répétai-je.

Le ton des réunions changea à partir de ce soir-là. On y fut tout aussi intéressant, mais avec des éclaircies que Mme Fauvety excellait à ménager, ou par moi ou par d’autres. Seule, Mme d’Héricourt s’irritait de plus en plus, m’ac-