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J’ai vu Bismarck, ajoutait Weill, monter à la tribune comme on enfourche un cheval de cavalerie pour une charge. Il criait ses injures d’enragé conservateur avec une violence inouïe, parlant de politique de coups de sabre, d’autorité absolue, d’échafaud ! Quand on évoquait devant lui les rêves de l’unité allemande, il disait alors que « l’Allemagne ne valait pas, à elle tout entière, la nationalité prussienne ».

« Lorsque le Parlement de Francfort, continuait Weill, offrit à Frédéric-Guillaume la couronne impériale, ce fut Bismarck qui conjura le roi de ne pas accepter la proposition d’une « assemblée de révoltés en démence ». Aussi, en 1851, Frédéric-Guillaume le nomma-t-il son représentant à la Diète de Francfort, renouvelée et assagie. Là il se fit publiquement le défenseur de l’Autriche, la nation qu’il hait le plus furieusement, nous confiait Weill. Il veut, continuait notre hôte, une alliance française. Et il nous lut, après dîner, tout un mémoire traitant de politique générale, copié sur un manuscrit autographe de M. de Bismarck, et dans lequel il y avait plusieurs phrases dont je ne garantis pas les termes exacts, mais seulement le sens : « La France doit se garder grandes ouvertes les possibilités d’une alliance avec la Russie et, pour cela, entretenir de bonnes relations avec la Prusse. La France n’a aucun intérêt à s’appuyer sur l’Autriche, vieillie jusqu’à la décrépitude, ni sur les états moyens de