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— Non, non, répondit le vieux monsieur, elle me fait peur !

— Moi, je vous fais peur, monsieur, m’écriai-je en riant, et pourquoi ? »

Alexandre Weill me présenta ; qui ? Meyerbeer.

J’étais une enthousiaste de Meyerbeer. Je le lui déclare. Gêné par son accent, très timide, il me fait entendre difficilement que je ne dois pas lui dire de telles choses, que c’est trop dans ma bouche.

Alexandre Weill s’amusait de tout son cœur et répétait :

« Le coup de foudre, le coup de foudre ! »

Meyerbeer se sauva.

Voyez-vous, continua Weill, il est tombé en extase à votre entrée. C’est un plus grand poète encore qu’un grand musicien. Il a longtemps rêvé de créer une Velléda, et en vous voyant il est venu me dire, comme épouvanté :

« Elle me ferait oublier ma Selika ! Je suis trop vieux pour devenir amoureux d’une figure nouvelle, même en art. Je ne veux plus voir cette femme. »

— Retrouvons-le, dis-je, il faut qu’il ressuscite Velléda. »

Meyerbeer avait disparu. Durant des mois, tous les matins, je reçus un petit bouquet de violettes, le premier accompagné de ces simples mots : « Souvenir ému à Velléda. — Meyerbeer. » Plus tard il m’envoya une loge pour la