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plusieurs œuvres remarquées : un Dante lisant ses poésies à Giotto, etc. Fils d’un riche industriel, beau, élégant, très artiste, Claudius Popelin devait conquérir par la suite une haute situation parisienne.

Il aimait à ridiculiser les modes que nous subissions, et je lui fis lire ma lettre à Alphonse Karr, qui le ravit.

J’étais un peu moins étalée que mes contemporaines, mais Claudius Popelin ne me trouvait pas encore assez « femme », disait-il, et il prétendait que je devais me mettre à la tête d’une ligue de protestation « gauloise » contre la crinoline, que j’avais le type de la Velléda, ce qui indiquait naturellement ma mission.

« Sans doute, ajoutait Claudius Popelin, oui, vous êtes moins « poussah » que les autres, mais vous avez quand même un faux air de coléoptère à tête fine et à panse énorme. »

Je me rappelle la joie que j’éprouvai en recevant une invitation d’Alexandre Weill à un bal travesti, comme on disait alors. Je devais cette invitation à Richebourg. Jamais encore je ne m’étais costumée. Mon mari ne consentit à me conduire à ce bal qu’à la condition qu’il serait accepté en habit. M. Weill refusa l’autorisation à Richebourg, mais il lui confia qu’il aurait des blouses de soie de couleur, de grandes ceintures, et qu’il « affublerait » à leur entrée les récalcitrants. Je me gardai bien de prévenir M. La Messine.