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Zozo, un beau soir, s’en vint aboyer à la porte du jardin de Mme Fauvety. Elle avait compté les jours et elle était là, depuis la veille, pour lui ouvrir. Je fus prévenue sur l’heure, et ce n’est pas, je l’avoue, sans un peu d’émotion que j’appris la nouvelle. Ne rendait-elle pas réalisables toutes les autres prédictions ?

Lorsque le surlendemain j’arrivai chez mes amis, à leur soir de réception, Zozo me reconnut. Ses yeux me parurent un peu teintés de sorcellerie.

Ce soir-là, MM. Renouvier et Fauvety parlaient de Taine, qui venait de publier ses Essais de critique et d’histoire. Une année seulement s’était écoulée entre ce dernier ouvrage, véritable monument de savoir, et l’apparition sensationnelle des Philosophes français au dix-neuvième siècle. M. Renouvier, à propos des Essais, redisait son admiration pour les Philosophes.

« Les plus jeunes que nous sont admirables, admirables, répétait-il, et les précurseurs comme moi n’ont pas toujours eu la joie que j’éprouve de compter sur mes disciples. J’ai un peu couvé Taine, mais comme une poule un canard, car il a été vraiment par trop dur pour Cousin.

— Oui, presque cruel, ajoutait M. Fauvety, quoique vous-même n’ayez pas été si tendre ; mais sa définition de l’éclectisme : « un système de philosophie qui consiste à n’en point avoir »