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Je me rassieds.

« Vous voyez-bien », me dit Edmond en souriant.

Et il commence à me faire tirer dans son jeu de tarots. Il me prédit que, dans une année, je serai connue du jour au lendemain, par un livre très courageux que je ferai en réponse à un autre livre, que l’auteur écrit à cette heure, et, presque année par année, il me prédit la vie que j’ai vécue depuis…

On imagine la joie de Mme  Fauvety. Le sceptique Fauvety déclara qu’on ne ferait aucune recherche, qu’on attendrait les six semaines pour laisser intacte la prédiction du sorcier, et chacun de nous jura de ne confier le grand secret à personne.

Quand je rentrai, ma mère était venue à propos d’un emprunt que mon mari voulait faire à mon père. Edmond m’en avait parlé :

« Celui-là qui a des garanties, oui, venait-il de me dire, mais jamais aucun autre, à aucun prix. »

Je racontai à ma mère, très croyante aux prédictions, celles qu’Edmond m’avait faites. Elle voulut les écrire et les porta à mon père, qui se moqua de ma crédulité avec une insistance qui finit par m’être insupportable. Je pariai une discrétion que le chien reviendrait. Cette discrétion devait être le paiement de mon fameux premier livre dont je supposais que j’aurais à payer les frais d’édition.