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se préparait de souffrances patriotiques, au cours des événements vers lesquels la France marchait.

Comme pour faire écho a mes lettres intuitives à Gaston Paris, j’ai la visite de Mérimée, qui me donne à lire une lettre de Bixio et ajoute :

« Elle est dans le style de celles de Nefftzer. »

« La Prusse m’inquiète, écrit Bixio à Mérimée, elle arme formidablement. Elle a commencé par le Danemark, continuera par l’Autriche et par nous. J’ai su de Cavour lui-même ce que lui proposait la Prusse, en vue d’une action commune contre l’Autriche. »

« Eh bien, dis-je à Mérimée, toutes ces affirmations d’hommes de valeur, sur les projets de la Prusse, ne vous convainquent donc pas ? Et vous croyez toujours le roi de Prusse et M. de Bismarck les amis de la France ?

— Je le crois, parce que je sais, » me répond Mérimée.

Et, me montrant le Redoutable, la 2e  division de la Méditerranée, dans les eaux du golfe Juan, il ajouta en riant :

« Jusqu’à ce que la Prusse ait une marine, beaucoup d’eau bercera nos vaisseaux. D’ailleurs est-ce que la France n’est pas encore et toujours la grande France ? Comment pourrait-elle craindre la petite Prusse ? Est-ce que nous sentons en nous la passion patriotique diminuer, et est-ce que le régime impérial détruit l’esprit militaire ?