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même se rassérène, voit dans notre vie moins d’ombres noires. Elle se laisse égayer par la lumière.

Je suis en grande dispute avec mon ami Gaston Paris. Il veut m’intéresser à une société germanico-française .

Voilà ce que je lui réponds le 2 décembre :

« On y verra, dans votre société germanico-française, des Büchner, mais les Büchner et l’Allemagne, pas trop n’en faut. Je vois d’ici vos gros yeux. Vous gémissez sur mon entêtement et sur mon ignorance. Parlez-moi de notre vieille Gaule, dans sa plus lointaine histoire. Faites votre thèse, que je lirai aussi bien que je le pourrai, mais, croyez-moi, laissez les Allemands être Allemands et restez Français. Il pénètre assez dans notre esprit de l’esprit des autres peuples, et nous n’avons pas besoin de nous disperser davantage. Je suis centripète française, et vous, centrifuge. »

Et, huit jours après, j’écris encore :

« Vous essayez de me corrompre en me présentant votre idée de société franco-germanique comme une création intime dans laquelle vous avez mis vos dernières espérances d’idéal réalisé. Faisons un marché. Convenez que vous êtes Allemand, comme moi je suis Française ; mais renoncez à votre titre de Français, sans quoi je vous appelle traître et renégat. Je défends mon pays avec une plume aiguisée. J’empêche une invasion de 1814 intellectuelle. Je