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de sa conscience, et il restera le grand coupable dans l’histoire, car c’est de sa compromission que sortent nos défaillances et que sortiront nos facilités futures. Il n’y pas de demi-honneur, de demi-parole. Ollivier lègue aux républicains des opportunités dangereuses. Le conservatisme, seul, pouvait continuer à solidifier l’empire jusqu’à ce que, de lui-même, il se fût effrité. Le libéralisme le détrempera. Et je crains qu’un tel méli-mélo de fausses doctrines politiques n’engendre quelque jour une fausse République.

— Ah bah ! dit Peyrat, qu’elle soit d’abord, la République ! on verra après.

— On la jacobinisera, n’est-ce pas, Peyrat ? On obligera tous les Français à penser comme Peyrat et comme Challemel, ajouta Nefftzer, si toutefois Challemel et Peyrat consentent, pour le salut public, à penser de même ; sinon, eh bien ! on purifiera la République de l’un ou de l’autre. Moi, vous savez, j’ai moins de goût pour le jacobinisme que pour l’empire libéral, et si Ollivier m’inspirait confiance, je m’arrangerais fort bien, pour la durée de ce que durent les gouvernements en France, de l’empire libéral.

— Quand même, ajouta Challemel, je croirais un empire libéral possible, je n’y aiderais à aucun prix. C’est être ni plus ni moins qu’un traître que d’apporter son concours à l’ennemi, de le galvaniser, de lui rendre possible la victoire.