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rentrerai en possession de l’auteur de mes jours après-demain.

Durant la courte absence de mon père, j’ai la visite de Guillaumet, qui part pour l’Afrique et passe la journée avec nous. J’aime beaucoup Guillaumet ; c’est le vieux Séchan qui me l’a fait connaître. Guillaumet est à la fois enthousiaste des grandes belles choses et très naïf dans les petites. On aime à lui faire des scies. Après le déjeuner, nous allons nous asseoir sur les rochers du petit port Lamber avec lui, Alice et moi. Nous lui affirmons que l’eau de la Méditerranée est bleue, même dans une carafe. Il le croit et veut vérifier. Nous l’envoyons là-haut, à Bruyères, chercher une carafe. Il se penche avec sa carafe, l’emplit, regarde, pendant que nous éclatons de rire.

« À charge de revanche, » nous dit-il.

Mais le voilà qui parle d’art. Plus de moquerie. Alice écoute.

« J’observe la nature pendant qu’elle compose ses tableaux, commence Guillaumet ; l’ombre du soleil traîne de longs rayons de brume rosée, les oliviers au fond du golfe s’estompent. On ne voit plus leur forme, mais seulement le velouté gris des feuilles ; les masses éparses des pins sur les hauteurs se groupent et s’assombrissent, pour se laisser gaiement trouer, de-ci, de-là, par une bastide bien blanche ; la terre a des tons rouges, qui s’harmonisent sans brutalité avec le vert bruni et