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ce papier, gardez-le, me dit-il, et je vous autorise, au cas impossible où Nefftzer aurait raison, à me le représenter, il deviendrait un acte d’accusation. »

Mérimée me parle d’un grand souci qu’il a depuis la mi-novembre. Un décret a réorganisé l’École des Beaux-Arts sur des bases nouvelles. On en a confié la direction à une commission spéciale, l’enlevant à l’Académie des Beaux-Arts. Beulé en a écrit à Mérimée, et il se désole comme lui. N’est-ce pas renoncer aux traditions, les renier ? N’est-ce pas mettre en cause l’École de Rome, compromettre son esprit, la détruire peut-être ?

« J’admire beaucoup Beulé, dis-je à Mérimée, comme savant, comme écrivain, et puis, pour moi, grecque, n’a-t-il pas la gloire rayonnante d’avoir découvert la Porte… Beulé à l’Acropole ? Je comprends ce qu’il souffre en voyant parlementariser l’art, si j’ai jugé par ce que je souffre en voyant démocratiser les lettres dans le Petit Journal. Il y a tant de choses dans lesquelles on peut introduire l’égalité, mais pas là ! »

Mérimée me donna à lire une dernière lettre de Beulé, de laquelle je me rappelle nettement ceci : « Il faut purifier les âmes parle spectacle de la Beauté, et non abaisser l’art au niveau du suffrage universel. »