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style. Selon elle Renan est resté le prêtre qui se propose, dans les prédications contradictoires, pour défendre la cause du diable.

Ronchaud m’écrit : « C’est un livre admirable de poésie. Et la belle figure qu’il a faite à Jésus de Nazareth ! Même ceux qui ne croient pas à sa divinité l’adoreront désormais. »

« Renan, dit mon père, a été comme moi le séminariste naïf, sincère et pieux ; mais, lorsqu’il a vu ceux qui sont commis à la garde des textes sacrés les altérer, il a perdu la foi comme je l’ai perdue. »

Lorsqu’il apprend que Renan est destitué de sa chaire d’hébreu : « Tu le vois, s’écrie-t-il, l’impérialisme nous indique un ami… en le traitant en ennemi. »

Pelletan m’écrit : « Jean Reynaud est très malade. »

J’arrive à Paris et je cours à la villa du boulevard Maillot, avec une angoisse telle que je n’ose entrer pour demander Mme  Jean Reynaud.

Enfin j’entre ; je la trouve calme, mais comme une personne qui se domine.

« Qui vous a écrit ? me demande-t-elle avant que je lui adresse la parole.

— Eugène Pelletan.

— Et que vous a-t-il dit ?