Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/422

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rien. Je suis là, plantée depuis le matin. Je ne peux pas déjeuner, ma fille non plus. Je surprends des larmes dans les yeux d’Angélique, de Perrinette. André regarde avec fureur les ouvriers de la maison, qui sont venus au puits après leur déjeuner et dont la physionomie exprime une franche gaieté.

Agaud redescend.

« Nous continuons ? » me demande-t-il. Et les ouvriers éclatent de rire.

André cogne sur celui qui rit le plus haut. Tous deux sont Italiens. Les couteaux luisent.

Je me jette entre eux.

« Attendez qu’il y ait de l’eau au puits, pour pouvoir laver les plaies, » leur dis-je.

Tous me croient folle.

À quatre heures, un puisatier remonte, blême, on l’entend à peine prononcer un mot : « L’eau. »

C’est une sarabande. Ma fille, Angélique, Perrinette, André, grimpent sur la terrasse et dansent une danse piémontaise en criant :

« L’eau ! l’eau ! » Tous les ouvriers de la maison, Agaud en tête, accourent au puits.

L’eau, c’est bien l’eau, « Vous êtes sorcière, » me dit Agaud.

André court au golfe Juan, où sont M. et Mme  Jean Reynaud dessinant leur jardin, et il leur crie : « L’eau, l’eau ! »

Le bruit s’en répand dans le golfe. On arrive de toutes parts. Mes amis se réjouissent.