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de telle sorte qu’ils ont couvert cette superbe terrasse de fin gravier en quelques jours. André, le dimanche, après m’avoir demandé un mur de l’autre côté de la route, défonce la terre et se fait un potager, pour avoir des légumes en été ; j’en profiterai l’hiver.

« Il y a eu un sorcier au début de Bruyères et il y a maintenant des fées, nous dit Jean Reynaud, qui s’émerveille de ce que nous faisons avec presque rien. »

Un conflit grave surgit entre Jean Reynaud et moi. Il veut, lui, ingénieur, dessiner ma route ; il a peur que je ne gâte tout ce que j’ai fait de bien jusqu’ici. Mon jardin est approuvé, c’est entendu ; mais reste la route à tracer dans toutes les règles de l’art.

Impossible de nous entendre. Jean Reynaud trace des plans sur son papier, j’enfonce des bâtons sur mon terrain, Il me gâche tout avec sa route, sous prétexte qu’il faut distribuer la pente, qu’on ne peut pas dépasser six centimètres par mètre ; ce sont des circuits à n’en plus finir. Je me débats, Jean Reynaud me gronde sur mon entêtement.

« Voilà, dis-je, ma route telle que je la conçois. Elle partage mon terrain en deux, commence par monter doucement, car je ne lui donne que les cinq centimètres traditionnels de la pente jusqu’au bas de mon plateau ; mais là, hop ! hop ! un bon coup de fouet, il y a dix-huit de pente, il y en a vingt. C’est un peu raide,