tin ; il m’en parle à déjeuner et ma fille se met à chanter : « La pierre à miner, la maison à bâtir, le jardin à tracer. »
J’en ris de tout mon cœur.
« Pourquoi pas ? dit Jean Reynaud. Pourquoi les vôtres ne viendraient-ils pas chaque hiver avec vous, si vous les croyez résolus à habiter l’été à Paris ? La santé de votre fille et la vôtre exigeront longtemps le midi. Je vous aiderai à bâtir une petite maison et, en nous y prenant bien, ce ne serait pas cher. Le golfe Juan est adorable, allons-y cet après-midi et choisissons nos terrains.
— Choisissons nos terrains, répétai-je gaiement. »
Alice et moi nous sommes d’accord ; voilà nos lots, sur la route, le plus près possible de la mer, entre deux torrents. Le fond s’arrondit en colline, comme un dossier de fauteuil. Les bruyères arborescentes y pullulent sous les pins, répandant une odeur d’amande qui enivre. Il faudrait appeler cela : « Les Bruyères. »
Jean Reynaud approuve sans rire.
« Il ne faut pas, dit-il, accepter ce terrain gratis, mais le payer ce qu’il peut valoir le plus à cette heure, un franc le mètre.
— Mais je n’ai pas un liard, mon cher ami, et vous avez l’air de prendre au sérieux ce que vous dites.
— Tout ce qu’il y a de plus au sérieux. Il faut que votre père achète