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violent. Si la France était jamais envahie, j’en mourrais. »

Les paroles de Mérimée éveillaient en mon cœur des sentiments encore embryonnaires. J’aimais la France française, gauloise, oui, exclusivement, mais non la Patrie, avec cette passion farouche.

Les victoires françaises m’enorgueillissaient, mais les défaites lointaines de nos soldats me touchaient peu, parce qu’elles me semblaient être celles de l’empire.

Cependant je me sentis à partir de cette explosion plus attirée vers Mérimée ; son scepticisme n’était qu’une pose, peut-être un sentiment de pudeur pour cacher une nature ardente et une extrême sensibilité. Son amitié si fidèle pour Stendhal, ce qu’il fut pour Libri, soutenant son innocence avec tant de dévouement, jusqu’à l’amende, jusqu’à la prison, sa tendresse fraternelle pour Bixio, prouvaient la bonté de son cœur, comme la Prise de la Redoute et ce que je venais d’entendre prouvaient son patriotisme.

La municipalité de Vallauris veut fonder une station d’hiver au golfe Juan. Elle nous offre, à Jean Reynaud et à moi, à chacun un lot de terrain, à la condition que nous bâtissions une maison. Jean Reynaud a reçu la lettre le ma-