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— Si je mangeais du Pape, comme Mérimée, je le reconnaîtrais bien.

— Ah oui ! vous allez à la messe, vous, Cousin, répliqua Mérimée, mais vous n’êtes qu’un hypocrite et ne croyez pas plus que moi.

— Chut ! prenez garde aux domestiques : soyez cynique entre gens d’importance, mais point vis-à-vis des gens de peu.

— Iriez-vous à la messe pour vos servantes ?

— Pour l’exemple, oui, et même, si vous voulez, pour mes servantes.

— Voilà un mot que je répéterai, dit le docteur.

— Mon cher Maure, répétez mon mot tant qu’il vous plaira. Je l’explique. Croyez-vous que je puisse faire comprendre la morale de ma philosophie à ma gouvernante et à ma cuisinière ? Il est plus simple que j’accepte en apparence la forme de leurs croyances, puisque je crois comme elles au fond sous une autre forme, et que c’est dans ce qu’elles croient qu’elles trouvent la vertu de me servir avec dévouement et honnêteté. J’ai l’horreur des incroyants, et si je n’aimais pas tant Mérimée…

— Vous aimeriez les épinards !

— Dites-donc Mérimée, lisez-vous les Samedis de Pontmartin ? demanda Cousin après un silence.

— Non, je lis les Lundis de Sainte-Beuve. Celui-là a de l’esprit.

— Toujours l’esprit ! Vous n’avez que ce mot