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brochure d’Edgar Quinet sur le Mexique et il est dans l’émerveillement de son assimilation. « L’exil donne du recul et permet de mieux juger les grandes lignes politiques, me dit Jean Reynaud. Nous verrons ce que vaut la perspicacité de Quinet. Sa conclusion est que Juarès se prépare à une héroïque résistance contre cette guerre injuste, contraire à tous droits, et que l’expédition du Mexique finira pour nous par une humiliation. »

Le grand événement littéraire des derniers jours de l’année est l’apparition de cette Salammbô de Flaubert, dont on parle depuis si longtemps, car tous ses amis en ont entendu des extraits.

Mme Sand, pour la première fois, n’attend pas une de mes lettres pour m’écrire. Et elle me parle de Salammbô.

« Il faut lire cela, me dit-elle ; c’est une œuvre superbe, de celles qui marquent à tout jamais dans un temps. Je le répète à tous : « C’est un livre de siècle. » Croyez-vous que cet affreux Edmond de Goncourt, après une lecture de plusieurs morceaux de Salammbô, chez moi, est allé, répétant partout que c’est du faux orient algérien-tunisien, trop travaillé avec des phrases de gueuloir. Lisez-le et écrivez-moi vos impressions. »

Je lis Salammbô avec admiration pour l’ampleur et la puissance des tableaux, pour la vérité des reconstitutions, malgré toutes les inep-