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de mistral a balayé tous les nuages ; ma fille est dans l’extase.

La diligence s’arrête au bas du jardin de notre petite villa Arluc. Angélique, ma Brigasque, est là, avec son corselet rouge et sa couronne de velours noir enroulée autour de sa tête.

En dix minutes ma fille et Angélique sont amies.

Le bon docteur Maure, heureux de me trouver en pas trop mauvais état, apporte à ma fille des fruits confits de Grasse, mais Alice est absorbée dans la contemplation d’un oranger. Elle touche les oranges et, malgré les observations d’Angélique, lui faisant peur de la propriétaire, dont la villa n’est qu’à quelques mètres de la nôtre, elle tire, tire et entre au salon avec sa branche cassée et son orange, criant :

« Elle est en vrai ! »

Pour plus de sûreté la voilà qui mord à même l’écorce et c’est une joie, malgré ses grimaces, de manger une orange horriblement sûre, mais en vrai . Mérimée est déjà là. Le bon docteur dit que son ami n’est pas content. « On avance à l’intérieur, où c’est dangereux, dit-il, et l’on n’a que des reculades à l’extérieur. » L’Italie veut Rome à tout prix, et Bixio a raconté à Mérimée que des bandes de brigands terrifient les provinces, surtout l’Italie méridionale, et que ces bandes viennent toutes de Rome.