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— Merci, cousin, » répondis-je, un peu émue en lui serrant la main.

J’allais me retirer, quand Mme Vilbort se jette en pleurant dans mes bras.

« Chère, chère Juliette, pardon, » murmure-t-elle.

Les bienveillants s’empressent, les hésitants suivent, les deux méchants sortent. On applaudit à leur départ comme au théâtre, et les invités de mes cousins, fort allégés d’un remords de malveillance, finissent gaiement la soirée.

Mes Récits d’une Paysanne paraissent, et j’ai hâte de mettre en ordre mes notes très éparses sur Mon Voyage autour du Grand Pin. Je retourne à Chauny et, mes notes classées, je reviendrai bien vite, car mes amis me manquent ; il y a si longtemps que je n’ai causé au jour le jour avec eux. Je ne sais plus de la politique que ce qu’on m’en a écrit, ce que j’en ai lu dans les journaux, mais quelle différence avec les idées qu’on échange dès l’apparition d’un fait, avec ce qu’on éprouve en commun !

Je donne un vigoureux coup de collier, quoique je sois chaque jour tourmentée par ma mère, qui ne cesse de répéter que je me tue parce que je ne sors pas, que je cours à mon travail « sitôt la dernière bouchée », répète-t-elle.

« Pour l’amour du ciel, maman, laisse-moi en paix. Est-ce que chaque métier n’a pas son risque ? Le médecin, la contagion ; le couvreur,