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adresse à la chasse aux pommes de pins. Lord Brougham me regardait de son œil plein de malice. Je ne souris même pas. Mérimée me sut gré de la façon sérieuse dont je le félicitai.

« En Picardie, ajoutai-je, tout homme ayant au cœur quelque fierté est chevalier de l’arc, et je me connais en adresse à ce jeu. La vôtre est grande. Hier vous avez abattu cinq pommes !

— Guillaume Tell est dépassé, repartit lord Brougham, mais ne trouvez-vous pas, madame, que mes deux compatriotes portant flèches et carquois sont bien peu « Psyché » pour ce grand diable de Cupidon ? »

Impossible de ne pas sourire.

« Teigne ! » dit Mérimée en riant.

Le docteur Maure me laissait le tourmenter par mes interrogations sur Mérimée.

Il y en avait une que je n’avais pas encore osé risquer : on devine qu’il s’agissait de George Sand. Je tournai sans cesse autour.

« Vous savez, docteur, Mérimée m’a fait compliment sur l’une de mes nouvelles. Il a dû se moquer de moi. Je suis certaine qu’il ne peut tolérer les femmes qui écrivent.

— Vous vous trompez. D’ailleurs, parmi les défauts il y en a un qu’il n’a à aucun degré : c’est l’hypocrisie.