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un titre, et il avait, à cet égard, un profond mépris pour Cousin.

« Croiriez-vous qu’un jour, me dit-il, arrivant au milieu de son déjeuner, je l’entendis redemander à sa gouvernante du veau, et c’était du faisan ! »

De l’autre côté de la baie de Cannes, en face de moi, se trouvait un bois de pins où le docteur Maure me conseillait de passer une heure chaque matin, étendue sur le sable au bord de la mer. J’y voyais de loin Mérimée, suivi de ses vieilles amies anglaises en robe claire, dont l’une portait un carquois et l’autre un grand sac, attachés tous deux par une courroie en bandoulière. Mérimée tenait un arc, tel un dieu, eût dit Homère. À certain moment une Anglaise passait une flèche, Mérimée tendait l’arc, la flèche sifflait et atteignait une pomme de pin choisie fort mûre. L’une des Anglaises courait après la pomme de pin qu’elle glissait dans son sac, l’autre reprenait la flèche si elle tombait. C’était un émoi silencieux durant le tiré, des cris de joie ensuite, des exclamations, ou pour mieux dire des acclamations qui ne finissaient qu’au moment où de nouveau Mérimée tendait son arc et tirait.

Cachée derrière un genévrier, j’observai tout sans être vue.

Je rencontrai un jour Mérimée avec lord Brougham. Ils me saluèrent et s’arrêtèrent.

Je fis mes compliments à Mérimée sur son