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— Il veut qu’elle le soit.

— Il veut, il veut ! Justement, pour vouloir, il faut un effort ; donc, il ne dit pas simplement, lorsque vous l’interrogez : « Oui, elle est intelligente. »

— Il dit oui et ajoute : « Elle a une mémoire merveilleuse. »

— Suppléante, docteur ?

— Comment, suppléante ?

— Mémoire merveilleuse, qui supplée à l’intelligence.

— C’est comme vous voudrez. Mérimée n’étant pas là, je ne suis pas tenu de combattre votre opinion, mais, si je résume des impressions recueillies de-ci, de-là, dans mes conversations avec Mérimée, je crois l’Impératrice séduisante, enchanteresse, mobile, femme autant qu’on peut l’être, plus ondoyante et plus diverse que l’homme de Montaigne, et avec cela — notez ceci — d’une fidélité absolue. Pas du tout prodigue comme on le prétend, plutôt le contraire.

— Est-ce que Mérimée approuve ses façons d’être à certains jours, les chansons, la direction mondaine qu’elle subit de Mme de Metternich ?

— Ma chère enfant, vous allez m’arracher des confidences intimes. L’Impératrice aime son époux et elle a un chagrin mortel quand il la délaisse ; alors elle cherche les distractions à tout prix, la diversité des sensations qui lui font oublier un instant ses tristesses conjugales :