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dent cette lumière, ce pays, cette flore, qui se chantent au dedans de moi en vers homériques. La voilà, cette mer qui ne mord ni ne ronge la terre, et qui se plaint doucement de la fuir sans cesse. Ne suis-je pas en Hellénie ?

Je ne voyais pas ce que me décrivait Mme  d’Agoult, je n’avais jamais vu ce que me chantait Homère. Maintenant, je vois.

Phébus-Apollon, radieux, se lève et se couche sur la mer. Tour à tour, il émerge et plonge en dieu. Je découvre un jour, à travers les flots de lumière que verse sa chevelure, les roues d’or de son char, les naseaux dorés de ses chevaux qui hument et dévorent l’espace.

Je n’ai écrit à mon père que de courts billets en réponse à ses longues lettres. Ni Cabarrus, ni Arlès-Dufour, ni Mme  d’Agoult ne l’ont inquiété. Dès que je vais mieux, je le rassure entièrement, et je lui narre en longs récits mes impressions grecques.

J’envoie à ma tante Sophie des paysages virgiliens. Ma petite Alice me fait signifier par mon père « sa volonté de voir avec sa maman le beau soleil et les oranges sur les arbres. » Je réponds en lui promettant que je l’emmènerai l’hiver suivant.

Nombreuse est ma correspondance, mais je ne me lasse pas de conter mes surprises sur le doux rivage azuré et l’enthousiasme qu’il m’inspire.

Je termine mes Récits d’une Paysanne, dont