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gie. J’aurais dû m’arrêter à Noyon, revenir chez mon père ; mais de plus en plus je me crois en danger ; je me dis qu’à Paris j’aurai un médecin de sang-froid, tandis qu’à Chauny mon père perdra la tête, que les drames de ma mère ajouteront à mon énervement et que je serai trop malheureuse de voir souffrir ma petite Alice comme elle souffre lorsqu’elle voit l’un de nous malade.

Je trouve le « Père » à la gare, inquiet de me voir en pareil état. Gabarrus, qu’il a déjà prévenu de notre visite, nous reçoit sans nous faire attendre.

« Ma pauvre amie, me dit-il, enfermez-vous, étendez-vous, ne parlez pas et attendez que je vienne vous mieux examiner. Où êtes-vous ? »

Je lui donne mon adresse, boulevard Poissonnière.

« Bien, ajouta-t-il, en plein centre. Tout vous sera plus facile.

— Tout quoi ?

— Votre départ immédiat pour le midi.

— Mais ?

— Il n’y a pas de mais, dit le « Père », vous ferez ce que Gabarrus vous ordonnera.

— Je veux savoir si je suis en danger, cher docteur ; la vérité, je vous en supplie.

— Est-ce que j’ai l’air d’un homme qui renonce à vous défendre contre le mal ? Vous êtes malade, il faut vous soigner et avant tout cesser de parler. »