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Qu’ai-je à faire, sinon d’écrire à mon vieil ami Arlès-Dufour, toujours prêt à prouver qu’il est le « père entre tous ».

Je le prie de m’envoyer le plus tôt possible une lettre pressante que je pourrais montrer aux miens et m’appelant à Paris pour mes affaires de séparation. Je lui demande de me fixer un jour où il lui serait possible de venir lui-même à Paris, de m’attendre à la gare, de me conduire chez Cabarrus, afin que je sache si ma maladie est grave ou non, et j’ajoute :

« Père », je crains d’être en danger. »

Je reçois, par le retour du courrier, une réponse favorable à tout ce que je réclame de l’ami paternel et dévoué.

Il me fallut un courage extrême pour ne pas m’attendrir en quittant mon père et ma fille. Dans quelle situation d’esprit les retrouverai-je, si Cabarrus me dit la vérité, s’il y en a une à me dire ?

Je pars et j’ai grand’peine, par le froid glacial qu’il fait dans la gare, à cacher mon mouchoir plein de sang à mon père ; ma fille le voit. Elle va parler. Je lui fais un signe qu’elle comprend et la pauvre petite, les larmes aux yeux, se tait.

En l’embrassant, au moment où je monte en wagon, je murmure à son oreille :

« C’est pour me guérir que je vais à Paris. »

Le train à peine parti, un flot de sang me monte à la gorge et j’ai une véritable hémorra-