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Castagnary avait défendu Courbet au moment où il était le plus attaqué. Je lui racontai la scène de la rue de Beaune, entre Toussenel et lui ; elle l’amusa beaucoup.

La Charlotte Corday de Paul Baudry me retint longtemps, et, comme j’avais donné à Mme d’Agoult l’un des exemplaires de la photographie d’Adam-Salomon dans mon costume de Charlotte, ma grande amie, quoiqu’elle admirât elle-même Baudry, se moqua de moi et me dit en riant :

« Venez, petite Juliette, vous vous êtes assez mirée. »

La Bataille de Solférino, d’Yvon, nous intéresse, Mme d’Agoult et moi, mais « ces grandes machines » ennuient Castagnary qui nous conduit à tort et à travers pour nous montrer ici et là une toile qu’il préfère. Peu à peu il nous attire en un coin où se trouve mon portrait par Charpentier, connu par le portrait de George Sand à l’œillet et celui de Rachel. Charpentier a fait ce portrait l’an dernier et ne m’a pas prévenue qu’il l’exposerait. Castagnary l’aime beaucoup « pour son expression, qu’il trouve poétique et douloureuse ». Mme d’Agoult déclare juste la définition.

« Douloureuse, oui, répétai-je après Castagnary. Poétique, peut-être bien, car durant le temps où je posai, Charpentier, qui est un fanatique de l’art italien, me parlait de ses grands peintres, des spectacles de nature que