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tientait de ne plus pouvoir enregistrer de brillants faits de guerre. L’Alma et Inkermann dataient déjà. La brillante attaque du Mamelon Vert ne compensait pas à ses yeux l’échec que venaient de subir les troupes franco-anglaises. L’empereur, disait-on, voulait changer Pélissier, et c’était Mac-Mahon qui, avec sa brutale franchise, l’en empêchait.

Je répétais tous les ragots de la politique, je les écrivais à mon père, mais je ne participais pas aux goguenardises des Parisiens sur le Palais de l’Industrie, sur sa laideur.

« Paris étouffe depuis qu’on lui a bouché sa perspective des Champs-Élysées », était le mot courant ; « les provinciaux nous encombrent, les étrangers nous ruinent et font tout augmenter », ajoutait-on, etc., etc.

Ce qui dominait en mon esprit, c’était l’émerveillement. Quinze jours m’avaient à peine initiée à la centième partie de ce que je désirais savoir. Et puis il y avait les musées, dont je connaissais encore si peu de chose.

Nous habitions un hôtel, place Louvois. Dès que j’avais un moment de libre je courais seule au musée des Antiques.

Mes dieux étaient là, vivants, palpitants sous le marbre. Cette beauté grecque, je la voyais de mes yeux, triomphante, divinisée, dans la Vénus de Milo.

À partir de ce moment je fus poursuivie par le désir d’habiter un appartement rue de Rivoli,